L’aye-aye (Daubentonia madagascariensis) est une espèce de primate appartenant au groupe des lémuriens. En allemand, il est surnommé «Fingertier», ou «l’animal au doigt», et ce nom lui va comme un gant: l’aye-aye possède un majeur très long, fin et extrêmement souple. Il l’insère dans ses cavités nasales, s’en sert pour décrocher ce qu’il y trouve, avant de le lécher. Anne-Claire Fabre, spécialiste des mammifères au Musée d’histoire naturelle de Berne (NMBE), et son équipe ont réussi à démontrer qu’au moins 12 espèces de primates adoptaient le même comportement, et notamment les chimpanzés, les gorilles, les orang-outans, et bien sûr, les humains. Une vidéo exclusive du Duke Lemur Center, qui constitue une base pour la recherche, dévoile pour la première fois un aye-aye en action: cette vidéo montre bien que le primate ne se contente pas de fouilles superficielles, mais plutôt qu’il enfonce son doigt jusqu’aux profondeurs de son pharynx. Les chercheurs examinent désormais le pourquoi du comment.
Le fait de se curer le nez (rhinotillexomanie) et d’ingérer le mucus nasal (mucophagie) est considéré dans notre culture comme une habitude dégoûtante et assez peu hygiénique, susceptible dans certains cas de propager des agents pathogènes, et assez peu étudiée jusqu’ici. Toutefois, plusieurs études ont examiné ces dernières années l’effet positif de ce geste sur le système immunitaire humain, et démontrent notamment que l’ingestion orale des sécrétions nasales permettait de protéger l’émail dentaire des bactéries, contribuant ainsi à préserver la santé buccale.
Sur la base de ses observations, l’équipe du NMBE souhaite désormais se pencher de plus près sur les origines du curage de nez et l’évolution de ce comportement à travers les âges. Mme Fabre consigne régulièrement les derniers résultats sur le «Journal of Biology Blog»: jzoblog.wordpress.com.
27.10.2022