Une étude archéozoologique internationale menée par l'université d'Exeter et le Centre national de la recherche scientifique (CNRS) français montre pour la première fois en détail à quel moment les chiens domestiques ont développé la remarquable diversité de formes et de tailles qui les caractérise encore aujourd'hui. Grâce à des analyses de pointe effectuées sur des centaines de découvertes archéologiques, les auteurs de « The Emergence and Diversification of Dog Morphology » ont pu prouver que les chiens ont commencé à se différencier en taille et en forme dès la préhistoire, il y a au moins 11 000 ans.
Contribution suisse : précieux crânes provenant de Berne
Jusqu'à présent, on pensait que la diversité actuelle des races canines était principalement due aux pratiques d'élevage du XIXe siècle. Les nouvelles découvertes contredisent désormais cette idée reçue : peu après leur domestication et leur séparation d'avec les loups, les chiens présentaient déjà une variation considérable dans la taille et la forme de leur crâne.
Depuis le début du projet en 2012, 643 crânes de canidés modernes et archéologiques ont été enregistrés pour l'étude, parmi lesquels des races de chiens reconnues, des chiens errants et des loups. Les échantillons couvrent une période de 50 000 ans, du Pléistocène à nos jours, ainsi qu'une vaste zone géographique. Cette vaste collection de données comprend également des spécimens provenant de Suisse : environ 60 crânes de chiens issus de la collection cynologique unique au monde du Musée d'histoire naturelle de Berne ont été inclus dans l'analyse. Parmi eux figurent des races modernes telles que le Saint-Bernard et le Bouvier bernois, ainsi que des chiens du Néolithique et de l'âge du bronze provenant de sites lacustres. « Les chiens préhistoriques du Plateau suisse présentent une variabilité que l'on retrouve aujourd'hui chez les chiens de taille moyenne à la tête dite mésocéphale, comme les border collies ou les grands et moyens spitz », explique André Rehazek, conservateur en archéozoologie au Musée d'histoire naturelle de Berne.
Vielfalt aufgrund unterschiedlicher Aufgaben
Une équipe de chercheurs issus de plus de 40 institutions a analysé les crânes. Leur conclusion : dès le Mésolithique et le Néolithique, il existait des chiens de tailles et de formes variées, probablement en fonction de leurs différents rôles dans les sociétés primitives, tels que la chasse, l'élevage ou les liens sociaux. Le plus ancien spécimen clairement identifié comme chien domestique a environ 11 000 ans et provient du site mésolithique de Veretye (Russie). Des chiens domestiqués précocement ont également été trouvés en Amérique il y a environ 8 500 ans et en Asie il y a 7 500 ans. À partir de cette époque, la variation s'est rapidement accrue.
Dans le même temps, l'étude souligne la difficulté d'identifier archéologiquement les tout premiers chiens domestiques : aucun spécimen du Pléistocène supérieur ne présente de caractéristiques de domestication évidentes. Les chercheurs concluent : « Les premières phases de la domestication des chiens nous échappent encore. Mais dès leur apparition, les chiens ont commencé à se diversifier rapidement. »